Extrait Itinéraire Spirituel
« Puissions-nous alors donner au Mystère de la Croix toute sa valeur, toute sa place dans l’économie divine de la Rédemption et dans son application aux âmes tout au long de l’histoire de l’Église.
Le Sacrifice de la Croix perpétué sur nos autels
Il faut le reconnaître, on ne donne pas toujours sa place, même dans l’enseignement de l’Église, dans les catéchismes, au Sacrifice de la Croix se perpétuant sur nos autels; on a tendance à donner toute la place à l’Eucharistie et à ne faire qu’une allusion accidentelle au Sacrifice. Cela représente un grand danger pour la foi des fidèles, surtout devant les attaques virulentes des protestants contre le Sacrifice. Le démon ne se trompe pas, lorsqu’il s’acharne à faire disparaître le Sacrifice. Il sait qu’il attaque l’œuvre de Notre-Seigneur au centre vital et que toute mésestime de ce Sacrifice entraîne la ruine de tout le catholicisme, dans tous les domaines.
L’action qu’il mène depuis Vatican Il est révélatrice, et oblige ceux qui veulent demeurer catholiques à défendre courageusement le sacrifice de la Messe et le sacerdoce tels que Notre-Seigneur les a Institués.
Autant pour la vie spirituelle des prêtres que pour celle des fidèles, Il est essentiel d’éclairer notre foi et notre intelligence de l’acte, voulu par la Sagesse divine, qui a fait revivre spirituellement et surnaturellement l’humanité.
Cet acte est la raison de l’Incarnation, la réalisation de la Rédemption, celui qui glorifie Dieu infiniment et ouvre les portes du Ciel à l’humanité pécheresse, c’est le Sacrifice du Calvaire.
On ne peut qu’être frappé par l’insistance de Notre-Seigneur, durant toute sa vie terrestre, sur son « heure ». « Desiderio desideravi » dit Notre-Seigneur: J’ai désiré d’un grand désir cette heure de mon immolation. Jésus est tendu vers sa Croix.
Le « Mysterium Christi », c’est avant tout le « Mysterium Crucis ». C’est pourquoi dans les desseins de l’infinie Sagesse de Dieu, pour la réalisation de la Rédemption, de la Re-création, de la Rénovation de l’humanité, la Croix de Jésus est la solution parfaite, totale, définitive, éternelle, par laquelle tout sera résolu. C’est dans cette relation de chaque âme avec Jésus crucifié que le jugement de Dieu sera porté. Si l’âme est dans une relation vivante avec Jésus crucifié, alors elle se prépare à la vie éternelle et participe déjà à la gloire de Jésus par la présence de l’Esprit saint en elle. C’est la vie même du Corps mystique de Jésus.
« Si quelqu’un ne demeure pas en moi il sera jeté dehors, comme le sarment, et il sèchera, puis on ramassera les sarments, on les jettera au feu et ils brûleront » (Jn. XV, 6)
Notre-Seigneur organise tout autour de son sacrifice du Calvaire
Pour notre justification, pour notre sanctification, Jésus organisera tout autour de cette fontaine de vie qu’est son sacrifice du Calvaire. Il fonde l’Église, il transmet son sacerdoce, Il institue les sacrements, pour faire part aux âmes des mérites infinis du Calvaire; saint Paul n’hésite pas à dire « Je n’ai pas jugé que je devais savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (I Cor. 11, 2)
Or ce sacrifice du Calvaire devient sur nos autels le Sacrifice de la Messe, qui en même temps qu’il réalise le Sacrifice de la Croix réalise aussi le sacrement de l’Eucharistie, qui nous rend participants à la divine Victime, Jésus crucifié.
C’est donc autour du Sacrifice de la Messe que s’organisera l’Église, Corps mystique de Notre-Seigneur, que vivra le Sacerdoce pour édifier ce Corps mystique, par la prédication qui attirera les âmes à se purifier dans les eaux du baptême pour être dignes de participer au Sacrifice Eucharistique de Jésus, à la manducation de la divine Victime, et s’unir ainsi toujours plus à la Trinité sainte, inaugurant déjà Ici-bas la vie céleste et éternelle.
C’est de la Croix aussi que la grâce du mariage reçue au Sacrifice de la Messe, construira la Chrétienté ou le règne social de Jésus crucifié, dans la famille et la société. La Chrétienté, c’est la société vivant à l’ombre de la Croix, de l’Église paroissiale construite en croix, surmontée de la Croix, abritant l’autel du Calvaire renouvelé quotidiennement, où les âmes viennent naître à la grâce et l’entretiennent, par le ministère des prêtres, qui sont d’autres Christs.
La Chrétienté, c’est le village, ce sont les villages, les cités, le pays qui, à l’imitation du Christ en Croix, accomplissent la loi d’amour, sous l’influence de la vie chrétienne de la grâce. La Chrétienté, c’est le Royaume de Jésus-Christ; les autorités de cette Chrétienté se disent « lieutenants de Jésus-Christ » chargés de faire appliquer sa Loi, de protéger la foi en Jésus Christ et d’aider par tous les moyens à son développement, en plein accord avec l’Église.
On peut dire en vérité que tous les bienfaits de la Chrétienté viennent de la Croix de Jésus et de Jésus crucifié, c’est une résurrection de l’humanité déchue, grâce à la vertu du sang de Jésus-Christ.
Le rayonnement de la grâce sacerdotale, c’est le rayonnement de la Croix
Ce programme merveilleux élaboré par la Sagesse éternelle de Dieu ne pourrait se réaliser sans le Sacerdoce, dont la grâce particulière est de perpétuer l’unique sacrifice du Calvaire, source de vie, de Rédemption, de Sanctification et de Glorification.
Le rayonnement de la grâce sacerdotale c’est le rayonnement de la Croix. Le prêtre est donc au cœur de la rénovation méritée par Notre-Seigneur. Son influence sera déterminante sur les âmes et la société. Un prêtre Illuminé par sa foi et rempli des vertus et des dons de l’Esprit de Jésus peut convertir de nombreuses âmes à Jésus-Christ, susciter des vocations, transformer une société païenne en société chrétienne.
Il est évident que le rôle de l’évêque – lui qui est le prêtre accompli – pourra être considérable pour la multiplication de vrais prêtres, l’encouragement aux vocations religieuses, la réalisation d’institutions chrétiennes, pour la vitalité de la Chrétienté et la croissance du règne universel de Notre Seigneur.
Aux évêques de garder une foi sans faille et sans compromission en la vertu de la Croix de Jésus, unique source de salut, et de ne pas verser, à l’image du monde, dans la recherche des moyens humains pour un apostolat soit disant plus efficace; il y aurait là un signe de la perte de leur foi en Jésus-Christ crucifié.
C’est précisément ce à quoi nous assistons depuis plusieurs décades et qui aboutit à l’auto-démolition de l’Église, selon la parole de Paul VI, lui-même collaborateur décisif de cette auto-démolition.
C’est Israël abandonnant Yahweh, le seul vrai Dieu, pour prévariquer avec les faux dieux des tribus avoisinantes, dont ils prennent les filles pour femmes et adoptent leurs dieux. Israël finira par être officiellement déicide. Mais sa gloire viendra d’une vierge de la tribu de Juda, prédestinée à être la Mère de Dieu et la Mère du Nouvel Israël.
Ainsi, malgré les promesses de Notre-Seigneur, qui en vérité ne cessent de se réaliser, la majeure partie des autorités de l’Église prévariquent avec les faux dieux modernes par l’œcuménisme: ces faux dieux modernes sont non seulement ceux qu’adorent les fausses religions, mais aussi les fausses idéologies divinisées: la déesse Raison, la déesse Liberté, les déesses Démocratie, Socialisme, Communisme.
Dieu, Jésus-Christ, l’Église catholique, le saint Sacrifice de la Croix et de la Messe, le vrai Sacerdoce catholique ne sont pas œcuménistes, parce qu’ils proclament un Credo et pratiquent une Loi anti-oecuménistes; ils travaillent au règne universel du Roi des Rois – Jésus-Christ crucifié – « Un seul Dieu une seule foi, un seul Baptême » (Eph. IV, 5)
(Mgr. Lefebvre, Itinéraire Spirituel, Chap. VII)